Télécharger l'enquête : « Valorisation des comportements santé »
de gauche à droite : Eric Phélippeau - FNIM, Laurent Goldstein - Président de QALYO, Pierre-Henri Freyssingeas, HENRI 8 et secrétaire général de la FNIM,
Beily KO - Vice-présidente de l’association des Caducées et Béatrice Chemla - Directrice de la branche Santé de Future Thinking
Pour répondre à cette question, la FNIM a invité Béatrice Chemla, directrice de la branche Santé de Future Thinking qui a mené en 2016 une étude de marché mondiale, en partenariat avec le réseau Iris, ayant pour thème le consentement à payer « de sa poche » pour accéder à des produits de santé innovants ; et le Dr Laurent Goldstein, président de la start up Qalyo, qui nous a présenté son application pour smartphone dont l’ambition est de devenir pour la santé l’équivalent du fameux Spotify pour la musique.
Béatrice Chemla : Est-on prêt à payer « de sa poche » un produit de santé innovant ? Réponse : oui, à 38%
« Le thème central de l’enquête* est celui-ci : seriez-vous prêt à payer de votre poche (reste à charge pour l’assuré) un complément pour un produit de santé innovant ? Ce thème résulte d’au moins deux constats : les produits innovants sont de plus en plus chers et les systèmes de santé peinent de plus en plus à rembourser les assurés. Dans ces conditions, le consommateur consentirait-il à se financer lui-même et dans quelle proportion ? Le questionnaire repose sur cinq items :
1) comment perçoit-on sa propre santé, est-on soi-même plus ou moins responsable de sa santé,
2) comment juge-t-on le système de santé de son pays,
3) quelle opinion sur les PS,
4) comment s’informe-t-on pour sa santé,
5) et enfin combien est-on prêt à payer pour obtenir des produits innovants ou des produits de confort.
On entend par produit innovant en matière de santé un produit réellement innovant ou un produit de confort qui améliore le confort du patient (idem pour appareil ou dispositif de santé).
Quelques résultats
« Item 1 : en France, en Allemagne ou en Russie, les gens se considèrent plutôt en bonne santé. Aux USA, en Egypte et en Bolivie, les gens se sentent les plus responsables de leur propre santé à l’inverse de l’Espagne où le responsable de la santé des personnes, c’est le médecin. Item 2 : en France, 56% des interviewés jugent satisfaisant leur système de santé, mais ce score se dégrade par rapport aux enquêtes précédentes. Item 3 : au niveau mondial, 59% des sondés sont satisfaits de leur médecin de famille (en France taux de satisfaction particulièrement élevé). Item 4 : s’informe-t-on plutôt auprès du médecin ou ailleurs (famille, web) ? Une large majorité de l’échantillon s’informe auprès du professionnel de santé, mais plus de 60% vont se renseigner sur internet. Item 5 : deux axes segmentant se détachent. Premier axe : on est prêt à payer de sa poche, mais dans des proportions très variables. Second axe : qui prend la décision ? Le médecin ? La personne elle-même (via notamment internet) ? On distingue 5 segments parmi les personnes susceptibles ou non de payer de leur poche :
1) La population qui fait confiance au médecin (25%)
2) Celle qui décide elle-même (13%)
3) Celle qui refuse de payer (16%) mais qui fait néanmoins confiance au PS
4) Celle qui refuse de payer et préfère s’informer par elle-même pour sa santé
5) Celle qui se retrouve à mi-chemin des précédents segments
Descriptif des 5 segments
1) Un quart de l’échantillon fait confiance au PS (95%, mais tout le monde s’informe aussi via internet) et se déclare prêt à payer un produit innovant ou qui améliore le confort sans trop regarder à la dépense pour 43% d’entre eux. Ce segment comporte une faible proportion de patients atteints d’une maladie chronique. Les pays où ce segment est sur-représenté sont par exemple le Pérou (36%), le Chili (35%) ou la Bulgarie (31%), mais aussi la Chine (culture particulière).
2) 13% de la population est prêt à payer s’il est convaincu par lui-même en s’informant à travers le web. Ils font confiance à leur système de santé et ne rechignent pas à la dépense supplémentaire, même élevée.
3) 30% de la population refuse de payer tout en respectant les recommandations du PS. Pays concernés : Bolivie, Pérou et Bulgarie.
4) 16% de la population refuse de payer, ce sont plutôt des personnes en bonne santé qui comparent les prix des produits de santé au même titre que d’autres produits de consommation. Ce segment fait moins confiance au PS que les autres. Pays sur-représentés : Japon, Chine, USA.
5) 16% de la population, plus féminine, est relativement pessimiste quant à la performance de son système de santé, souffre plus que la moyenne d’une affection chronique et consulte tous azimuts (PS, entourage, web) avant de se décider. Pays où ce segment est sur-représenté : Grèce, Canada et Allemagne.
En conclusion
« Dans le monde entier, les patients sont de plus en plus informés sur leur santé grâce principalement à internet en complément de l’avis du PS. Globalement, si 46% de l’échantillon n’est pas prêt à payer de sa poche pour un produit ou dispositif de santé innovant, il en reste tout de même 38% prêt à le faire. Ce dernier résultat n’est pas négligeable pour l’industrie pharmaceutique. Il faut aussi noter un consentement généralisé à payer dans le domaine de la santé préventive, du bien-être en général ».
Dr Laurent Goldstein : Qalyo est à la santé ce que Spotify est à la musique !
« Qalyo est une start up, créée en 2014, axée autour de deux grandes tendances. La première, c’est l’espérance de vie, qui a fortement progressé dans les pays occidentaux, mais dont on entrevoit les limites de cette croissance. Lorsque l’on parle d’une espérance de vie qui augmente d’un an, cela signifie en réalité que pendant 7 ou 8 mois, la personne est sous traitement, généralement coûteux. Quel est le prix que l’on accepte de payer pour augmenter l’espérance de vie d’un an ? Les gens veulent-ils vivre plus longtemps en mauvaise santé ? Rien n’est moins sûr. Seconde tendance : l’innovation médicale. Si l’innovation a beaucoup progressé, on ne l’applique pas forcément correctement. Par exemple, dans les pays latins, 50% de la prescription des statines contre le cholestérol se fait en dehors des bonnes recommandations.
L’objectif de Qalyo est de démocratiser l’accès aux soins et de faciliter la production de services à des coûts acceptables compte tenu de la problématique de la croissance de l’espérance de vie (en bonne santé ou non). Les clients de Qalyo sont principalement les organismes qui financent la santé, Etat ou assureurs. Qalyo considère que le smartphone est un outil démocratique : à moyen terme, la totalité de la population mondiale en sera équipée. Notre mission consiste à améliorer ou entretenir la santé et l’accès aux soins des individus via cet outil démocratique qu’est le smartphone. Pour le dire en peu de mots, Qalyo est à la santé ce que Spotify est à la musique, c’est-à-dire que l’on veut que la santé soit aussi accessible que la musique, que la compréhension des messages santé soit la plus facile possible. Ainsi nous avons développé une application qui est l’équivalent d’une play list de services de santé. Cette application capte des données à travers le prisme de la bonne pratique médicale, laquelle est établie par la HAS. Or, le manuel du cholestérol, par exemple, élaboré par la HAS, fait 250 pages : on imagine bien que le médecin généraliste ne va pas se remémorer ces 250 pages en consultation pour des patients qui ont chacun un contexte différent (environnement, antécédents familiaux etc). Qalyo va trouver dans ces 250 pages ce qui est réellement important pour le professionnel de santé afin de le faire progresser en productivité, en efficacité et en connaissances. Le contexte du patient, son profil de santé, est une donnée fondamentale pour établir les bonnes recommandations et les bons parcours de soins.
Une gamme échelonnée de services
Le niveau de maturité de nos clients (assureurs, groupements de pharmaciens, hôpitaux, cliniques) est variable. Il faut donc leur proposer une gamme échelonnée de services afin de les accompagner dans la maîtrise des outils digitaux :
- Prévention et bien-être, pour accompagner les individus dans le maintien d’une bonne santé (information générique)
- Bilans médicaux, pour réaliser des bilans auprès de populations ciblées (par exemple, si le patient à un frère diabétique, son parcours de soins sera différent de celui d’une population standard)
- Suivi des maladies, pour les patients souffrant de maladies chroniques ou ayant un traitement spécifique (vérifier la compréhension de l’information donnée au patient)
- Suivi et télésurveillance, pour fluidifier l’amont de l’hospitalisation et sécuriser la sortie ».
Denis Briquet pour la FNIM
*Etude menée dans 23 pays sur 5 continents et portant sur un échantillon de plus de 21 000 personnes.